L’église Sainte-Marguerite-Bourgeoys de la rue Elgar était pleine à craquer le soir du 24 janvier. Les résidents étaient invités à s’informer et à faire connaître leur opinion sur le grand projet Cité de l’Île qui va créer 1 221 nouveaux logements à côté de la gare du REM. Près de 300 personnes étaient présentes et plusieurs dizaines sont allées au micro, surtout pour exprimer leurs craintes face l’accroissement substantiel de population de L’Île-des-Sœurs, aux problèmes de circulation potentiels et au manque de terrains publics et d’équipements collectifs (écoles, installations sportives et culturelles). Leurs interventions pour le moins bien senties, se sont prolongées jusqu’à 23 h 15.
Sur la densité, l’APRIDS et plusieurs autres citoyens ont fait valoir que les prévisions présentées lors de l’adoption du plan d’urbanisme en 2020 seront largement dépassées, sans qu’aucune étude de circulation prospective englobant l’ensemble de L’Île n’ait été réalisée. La mairesse, Marie-Andrée Mauger a répondu que tout serait mis en œuvre pour ne pas trop dépasser les nombres promis, mais que le cadre législatif rendait la densification obligatoire autour des gares du REM et des stations de métro.
Sur la circulation, l’arrondissement affirme que la Ville détient des études réalisées avant l’adoption du plan d’urbanisme. Une autre étude serait en cours, donc non terminée, portant principalement sur l’aménagement de la rue Champlain. On peut en conclure que des décisions importantes ne sont pas encore prises ici, entre autres sur la circulation des cyclistes, quelques mois à peine avant l’entrée en service du REM. Mme Mauger, a évoqué une troisième étude de circulation, plus globale et prospective cette fois, du moins espérons-le, qui commencerait en 2023.
Démocratie
Le secrétaire de l’arrondissement, Mario Gerbeau, a expliqué la loi provinciale qui encadre de façon très serrée les processus référendaires. Il a confirmé que les personnes habiles à voter ou à signer un registre sont uniquement celles qui habitent les terrains contigus au projet ou les personnes morales qui y possèdent une propriété ou y sont locataires. En d’autres termes, il est presque assuré qu’aucun résident de L’Île ne pourra signer une demande de référendum puisque qu’il ne semble y avoir aucun logement habitable dans les zones concernées. Les représentants de l’arrondissement ont expliqué que l’assemblée de consultation en cours constituait la seule possibilité pour les résidents d’exprimer leurs opinions sur le projet et que celles-ci allaient être notées et prises en compte. Il était aussi possible d’envoyer des recommandations écrites ou un mémoire avant l’assemblée. Le mémoire soumis par l’APRIDS est disponible sur son site internet.
L'APRIDS a demandé que compte tenu de cette situation, l'arrondissement devait s'assurer de l'acceptabilité sociale du projet.
Caractéristiques du projet
Le projet Cité de L’Île a été présenté en détails pour faire valoir les efforts qui ont été consacrés à en faire une porte d’entrée accueillante à L’Île-des-Sœurs : carboneutralité, gestion exemplaire des déchets, autopartages, nombreux supports à vélos accessibles au public, verdissement, jardins sur les toits, cours d’immeubles semi-publiques, mini-forêt urbaine, triple vitrage contre le bruit, logements sociaux, logements pour aînés, logements familiaux, grand local communautaire, commerces ou services de proximité, corridor culturel et accent sur une architecture de qualité. Au cœur du projet se trouve une promenade de 10 mètres qui procurera un accès essentiel au REM à partir de la Place du Commerce, avec une petite place de marché au centre. La Ville obtient une servitude permanente sur cette promenade et plusieurs citoyens ont réclamé que le terrain soit plutôt acheté pour en assurer la pérennité.
Les critiques sur le projet lui-même ont aussi porté sur le peu de cases de stationnement disponibles, la crainte que les autos additionnelles encombrent les rues avoisinantes et sur la présence d’un hôtel, indésirable selon certains.
Perspectives
Plusieurs citoyens ont carrément demandé l’abandon du projet. Devant cette levée de bouclier, la mairesse et les responsables de l’urbanisme ont expliqué que le plan d’urbanisme de L’Île s’inscrit dans un cadre législatif beaucoup plus large en vertu desquels les propriétaires de terrains détiennent des droits de construire encadrés par des normes. Ils ont fait valoir que les droits acquis permettent de toutes façons la construction d’un immeuble commercial de 78 mètres (approximativement 25 étages) sur la rue Levert et qu’il serait impossible de bloquer un projet beaucoup moins intéressant si le promoteur se contentait de respecter toutes les exigences du zonage. Selon Mme Mauger, le travail de l’arrondissement auprès du promoteur consiste à négocier des améliorations utiles à la collectivité en échange de la permission de construire des logements dont Montréal a grand besoin.
Prochaines étapes
Après cette consultation, l’arrondissement doit évaluer les critiques reçues et tenter d’améliorer le projet en conséquence. Une deuxième version du projet devrait être présentée lors d’un prochain conseil d’arrondissement en février ou plus probablement en mars. Un avis sera alors émis donnant un délai de 8 jours pour demander l’ouverture d’un registre référendaire. Seules les personnes morales habiles à voter pourront signer cette requête. Les autres détails sur la procédure référendaire sont expliqués dans la présentation disponible sur le site de l’arrondissement. https://portail-m4s.s3.montreal.ca/pdf/ver_presentation_assemblee-publique_24-janvier-2023.pdf
Durée des travaux
Quand ils commenceront, les travaux dureront entre cinq et dix ans et se feront par étape, entre autres pour que les enfants du Pavillon au 14 place du Commerce, aient encore accès à une cour d’école aussi longtemps que nécessaire.
Le mémoire de l'APRIDS présenté à l'arrondissement est disponible sur son site web
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